O. Bernard
Hépatologie pédiatrique
Hôpital Bicêtre
C'est actuellement le mode de transmission quasi
exclusif de contamination des enfants par ce virus.
En milieu urbain, dans les pays industrialisés,
la prévalence des anticorps anti-VHC dans
le sérum des femmes enceintes est de 1,3
% en moyenne. La prévalence est plus élevée
dans certains pays d'Afrique allant de 2 % en
Tanzanie à 13-19 % en Egypte. La prévalence
est moindre dans les zones rurales des pays industrialisés
: 0,1 % dans la campagne anglaise. La recherche
de l'ARN du VHC est positive dans le sérum
de 66 % des femmes enceintes porteuses d'anti-VHC.
Seules les mères positives pour l'ARN du
VHC dans le sérum exposent leur enfant
à une contamination. L'ensemble des résultats
publiés montre que le risque de contamination
de l'enfant par le VHC est de 6 % lorsque la mère
n'est pas co-infectée par le VIH, et de
18 % lorsqu'elle est co-infectée par le
VIH. Un grand nombre de travaux indiquent qu'une
virémie élevée chez la mère
en fin de grossesse augmente le risque de transmission
: le risque est en moyenne de 23 % lorsque la
virémie maternelle est supérieure
ou égale à 106 équivalents
viraux par ml. Comme le VHC est transmis par voie
parentérale, il a été suggéré
que certains gestes ou circonstances obstétricaux
pourraient favoriser la contamination de l'enfant
à partir du sang maternel ; ceci concerne
en particulier la pose de forceps, la durée
prolongée du travail, une hémorragie
importante du per-partum ou la pose d'électrodes
sur le scalp du fœtus. Concernant les rôles
respectifs de l'accouchement par voie basse et
de la césarienne, deux travaux récents
sont venus remettre en cause la notion initiale
que la césarienne n'avait pas d'effet préventif
sur la transmission du VHC de la mère à
son enfant : dans l'un, la césarienne faite
de manière élective a un effet préventif
statistiquement significatif si on le compare
à la naissance par voie basse et à
la césarienne en urgence. Dans l'autre,
la césarienne, même faite en urgence,
a un effet préventif significatif si l'on
considère uniquement les mères ayant
une virémie supérieure ou égale
à 2,5. 106 équivalents viraux par
ml. Si ces résultats étaient confirmés,
on pourrait suggérer qu'une césarienne
élective soit envisagée lorsque
la virémie maternelle mesurée près
du terme est très élevée.
En revanche l'allaitement maternel n'augmente
pas le risque de contamination de l'enfant. L'ensemble
de ces résultats suggère fortement
que la contamination de l'enfant a lieu au moment
de l'accouchement dans la très grande majorité
des cas.
La preuve de la contamination de l'enfant peut
être apportée soit par la positivité
de l'ARN du VHC dans le sérum de l'enfant
à partir de l'âge d'un mois, soit
par la positivité de la recherche des anti
VHC dans le sérum de l'enfant après
l'âge de 18 mois. Les nourrissons infectés
sont le plus souvent asymptomatiques. A moyen
terme, 75 % des enfants deviennent porteurs chroniques
du VHC. Chez les 25 % qui guérissent spontanément,
la négativation durable de l'ARN du VHC
peut se produire jusqu'à l'âge de
deux ans. A moyen terme (2-15 ans), les enfants
porteurs chroniques restent asymptomatiques et
les transaminases sont normales dans près
de la moitié des cas. Les examens histologiques
du foie faits chez les enfants dont les transaminases
sont augmentées montrent pratiquement toujours
des lésions d'hépatite chronique
minime.
La plupart des références peuvent
être trouvées dans :
BERNARD O. Transmission du virus de l'hépatite
C de la mère à son enfant. In :
Journées Parisiennes de Pédiatrie
2001. Flammarion Médecine-Sciences. Paris
pp 49-59