Traitement |
---|
Le traitement a pour but d’éliminer le virus et d’améliorer l’état du foie. Il repose bien sûr sur des traitements spécifiques mais il est essentiel d’insister sur le mode de vie et notamment la consommation d’alcool. Les mesures préventives visant à éviter toute transmission de l’infection sont également essentielles.
Buts du traitement
Deux objectifs de traitement sont à considérer : L’éradication de l’infection virale Elle se juge sur la disparition de l’ARN viral lors du traitement (on parle de réponse au traitement). Lorsque le traitement est arrêté, l’ARN peut se repositiver (on parle alors de rechute). Ce risque de rechute est maximum dans les 6 mois qui suivent l’arrêt du traitement. Lorsque l’ARN reste négatif à 6 mois après traitement, on parle de réponse prolongée et le risque de rechute ultérieur est faible (moins de 5 %). L’amélioration de l’état hépatique Outre son action antivirale, le traitement améliore dans une certaine mesure l’activité et la fibrose hépatiques. Ainsi, même si le traitement ne permet pas l'élimination définitive du virus, il est bénéfique sur le plan histologique. Ceci justifie que chez certains malades, alors que l’ARN reste positif en cours de traitement (on parle alors de " non réponse ") le traitement est malgré tout poursuivi,.bien que lorsque l’ARN reste positif après 6 mois de traitement, les chances de réponse ultérieure sont faibles.
Qui traiter ?
En l'absence de contre-indication, la décision de traiter repose sur les résultats de la Biopsie Hépatique *. Certains malades qui ont une hépatite sans fibrose et très faiblement active ne justifient dans l’état actuel des données que d’une surveillance. Il en est de même des malades dont les valeurs de transaminases* sont constamment normales. L'Hépatite C évolue lentement et la décision de traiter n'est jamais une urgence, permettant d'attendre s'il le faut le moment opportun.
Comment traiter ?
En dehors d'un éventuel essai thérapeutique, le traitement repose sur l'association de deux antiviraux : l'Interféron (administré en injections sous-cutanées) et la Ribavirine (sous forme de comprimés).
L'Interféron est une substance synthétisée par l'organisme en réponse à une infection virale. L'IFN utilisé dans l'Hépatite C est une molécule de synthèse. Il n'est administrable que par injections. Deux molécules sont actuellement à disposition : L'Interféron standard administré à la posologie de 3 Millions d'unités X 3 par semaine et depuis 2001 l'Interféron Pégylé. L'IFN Pégylé est une molécule d'IFN standard que l'on a couplé à une molécule plus lourde de polyéthylèneglycol afin de retarder l'élimination du produit dans l'organisme. L'IFN pégylé a l'avantage de ne nécessiter qu'une injection sous-cutanée par semaine. Les effets indésirables de l'IFN pégylé sont sensiblement les mêmes que ceux de l'IFN standard : symptômes analogues à ceux de la grippe, fatigue, troubles de l'humeur, chute du taux de plaquettes. La fatigue (Asthénie*) et le syndrome pseudo-grippal (douleurs musculaires, articulaires, fièvre…) surviennent habituellement dans les heures qui suivent l'injection. L'importance de ces signes est très variable et imprévisible. Pour prévenir l'apparition du syndrome pseudo-grippal, on recommande la prise de deux gélules de 500 mg de paracétamol une demi-heure avant l'injection et d'effectuer cette injection le soir. Si nécessaire, la prise de paracétamol peut être renouvelée le lendemain (une gélule à 500 mg matin, midi et soir). La toxicité hépatique du paracétamol n'existe qu'à des doses supérieures à 3 grammes par jour qu'il ne faut pas dépasser.
Ces effets indésirables sont surtout marqués
après les premières injections et diminuent
d'intensité après quelques semaines. Cependant
un certain degré de fatigue peut persister tout
au long du traitement chez certains malades. Il est
toutefois rare que cette fatigue limite l'activité
sociale ou professionnelle. Les troubles de l'humeur
sont fréquents pendant le traitement. Souvent
ils se limitent à des manifestations discrètes
d'irritabilité. Rarement il peut s'agir d'une
véritable dépression pouvant nécessiter
un traitement anti-dépresseur voire une interruption
temporaire ou définitive du traitement.
Il peut exister avec l'IFN Pégylé des
réactions cutanées au point d'injection.
Il s'agit de placards rouges inflammatoires apparaissant
quelques heures après injection et s'atténuant
en quelques jours. Il s'agit d'une réaction normale,
bénigne dont il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
Des prises de sang régulières permettent
de surveiller le chiffre de globules blancs et de plaquettes.
Une chute des valeurs est habituelle. Si elle est trop
importante (plaquettes < 50 000/mm3 ou polynucléaires
neutrophiles < 750/mm3) il faudra diminuer les doses
ou interrompre le traitement.
Enfin, la fonction de la thyroïde - glande à
la base du cou qui régule la vitesse de nombreux
métabolismes (on peut la considérer comme
le " thermostat de l'organisme ")- peut être
perturbée plus souvent dans le sens d'un ralentissement
(hypothyroïdie) que d'une accélération
(hyperthyroïdie). Avant traitement on peut individualiser
les individus plus particulièrement à
risque (porteurs d'anticorps anti-thyroïdiens avant
traitement). Des prises de sang seront effectuées
pendant toute la durée du traitement et jusqu'à
6 mois après l'arrêt de celui-ci afin de
doser les hormones thyroïdiennes (TSH).
Les autres effets secondaires possibles sont nombreux
mais de survenue plus rare. Il faut signaler au Médecin
tout symptôme inhabituel.
Quelles chances de succes ?
La réponse prolongée (disparition de l’ARN viral persistant plus de 6 mois après l’arrêt du traitement) est obtenue en moyenne chez 40 % des malades. En fonction de données individuelles, le taux de réponse est compris entre 20 et 70 %. Les virus de génotype 1 sont plus résistants au traitement que les virus de génotype 2 ou 3. Une forte charge virale (supérieure à 3,5 millions /mm3) ou une fibrose hépatique importante sont aussi des facteurs de moins bonne réponse. Si le traitement n'est pas actif sur le virus au bout de 6 mois, les chances de réponse ultérieure sont faibles et le traitement peut être interrompu chez certains malades. En cas de fibrose importante, on peut également décider de le poursuivre malgré tout car le traitement a l'intérêt pendant 6 mois ou un an de stabiliser ou d’améliorer les lésions de fibrose au niveau du foie. Enfin, les malades n’ayant pas répondu ou ayant rechuté après traitement peuvent être traités dans le cadre de protocoles d’études. Ces protocoles visent à apprécier l'efficacité de nouveaux traitements.
Et les futurs traitements ?
Il existe une forme retard d'interféron qui s’appelle l’Interféron Pégylé et qui permet d’avoir une meilleure efficacité que l’interféron standard avec une seule administration hebdomadaire. La tolérance du traitement est identique avec toutefois parfois des réactions au point d’injection du médicament. Il est actuellement prescrit en cas de contre indication ou d’intolérance à la ribavirine. Dans les mois à venir, l'autorisation d'utilisation (A.M.M.) devrait être élargie à l’association avec la ribavirine, ce qui sera bénéfique notamment pour les malades qui ont des facteurs de mauvaise réponse. La recherche pharmaceutique est active pour tenter de mettre au point de nouveaux antiviraux comme des antiprotéases. Il pourrait alors être judicieux d’utiliser des associations de médicaments (à l’instar de ce qui est fait par exemple pour lutter contre le virus du SIDA).
Un vaccin ?
Il n'y a pas à ce jour de vaccin disponible. Les difficultés rencontrées pour la mise au point d'un vaccin protégeant de façon efficace sont importantes. Il n'existe en effet pas d'expérimentation possible chez l'animal en dehors du chimpanzé qui seul, avec l'homme peut développer la maladie. De plus, le virus est très variable et développe rapidement des mutations qui le rendent résistant à la protection immunitaire. Il peut par contre être conseillé de se protéger contre les virus des hépatites A et B pour lesquels un vaccin est disponible.