PRISE EN CHARGE DE L’HEPATITE C AIGUE
Après une contamination par un virus de l’hépatite virale (A, B ou C), il se produit une phase d’incubation qui est asymptomatique. Durant cette période, le diagnostic ne peut être posé. A cette phase d’incubation succède une phase aiguë qui correspond à l’inflammation aiguë du foie et au début de la maladie clinique.
D’un point de vue général, plus cette maladie sera symptomatique, moins la maladie deviendra chronique.
Si l’on prend l’exemple extrême de ce que l’on appelle l’hépatite fulminante (destruction aiguë du foie qui peut être mortelle), en cas de guérison il n’y a jamais de passage à la forme chronique.
Très souvent, quelle que que soit la cause (virus A, B ou C), la phase initiale et clinique de la maladie passent totalement inaperçues, le patient ressentant un épisode viral un peu comme une grippe.
C’est ainsi que se développent la plupart des maladies chroniques du foie dues aux virus. En l’absence de diagnostic au stade précoce, celui-ci n’est fait que bien plus tard à un stade tardif.
L’Hépatite A ne devient jamais chronique.
L’Hépatite B devient assez rarement chronique (moins de 5 %).
Par contre, l’Hépatite C devient extrêmement fréquemment chronique (80 %).
Ainsi, après une contamination par l’Hépatite C, 80 % des malades au minimum développent une Hépatite Chronique, qui en l’absence de traitement ne guérit pas. En cas d’Hépatite C Chronique, actuellement, environ 60 % des malades sont guéris par les traitements. Par contre, en cas d’Hépatite Aiguë, quand celle-ci peut-être diagnostiquée, quasiment tous les malades peuvent être guéris. Il est donc tout à fait important que l’Hépatite C Aiguë soit diagnostiquée le plus tôt possible et prise en charge par des spécialistes des maladies du foie.
On a vu dans cette introduction que toutes les Hépatites C, en fait, avaient une phase aiguë mais que dans 99 % des cas, elle passait inaperçue. Il se peut cependant que le diagnostic soit posé. Ceci peut arriver dans trois circonstances.
Premièrement, il existe une hépatite clinique se traduisant par un ictère (jaunisse), une fatigue, un syndrome grippal. Dans ce cas, les examens complémentaires à la recherche des différents virus de l’Hépatite virale vont permettre de poser le diagnostic d’Hépatite C Aiguë.
La deuxième circonstance où on peut faire le diagnostic d’Hépatite C Aiguë est quand on met en évidence un contage bien identifié. C’est par exemple ce qui arrive quand une infirmière est surveillée après s’être piquée avec l’aiguille d’un malade porteur du virus de l’Hépatite C. Ceci peut également arriver si un sujet a soit un contact avec la toxicomanie intra-veineuse ou avec une autre drogue (per nasale par exemple) ou soit un rapport sexuel non protégé avec quelqu’un qui est porteur du virus de l’Hépatite C et si spontanément, dans ce cas, il se fait faire des examens.
La troisième circonstance où on peut faire le diagnostic d’Hépatite C Aiguë relève du hasard. Un sujet connu pour avoir une sérologie de l’Hépatite C négative, sur un contrôle d’examen présente des anomalies biologiques hépatiques et on s’aperçoit qu’il a fait ce que l’on appelle une séroconversion c’est à dire que la sérologie qui était négative est devenue positive.
L’attitude des spécialistes des maladies du foie vis à vis de l’Hépatite C Aiguë est totalement différente de l’attitude que l’on doit avoir en cas d’Hépatite Chronique.
En cas d’Hépatite Chronique, la décision d’un traitement repose dans la majorité des cas sur l’existence d’une maladie hépatique sévère et donc sur la réalisation d’une biopsie hépatique.
En cas d’Hépatite C Aiguë, le médecin doit essayer de repérer les patients qui vont guérir spontanément et ceux qui vont nécessiter un traitement. Il n’y a pas d’urgence à traiter en cas d’apparition d’une sérologie C positive avec transaminases augmentées. En effet, il peut arriver dans les trois mois après la contamination que la maladie guérisse d’elle-même. Ceci est d’autant plus vrai que la maladie est sévère et, en particulier, qu’il existe une jaunisse. Après trois mois, il est de règle de mettre en place un traitement. Par contre, si le diagnostic est fait plus tôt, il est préférable d’attendre ce délai de trois mois où la maladie peut guérir spontanément.
Les modalités du traitement sont difficiles à établir car cette maladie étant rare, il est extrêmement difficile de faire des articles sur des grands nombres de malades et des statistiques sur ces malades. Ainsi, dans un article récent publié à Lyon dans un des services d’hépatologie les plus spécialisés en virologie, en l’espace de six années, il n’a été vu dans ce service que 16 hépatites aiguës.
On se rend compte de la difficulté à réaliser donc des séries importantes. Toutes les séries publiées, d’ailleurs avec de bons résultats, reposent actuellement sur un traitement intensif par de l’INTERFERON seul (non PEGYLE) pendant une période moyenne de 24 semaines. Cependant, même si actuellement, il n’est pas possible de le vérifier, il est probable que les résultats obtenus avec l’INTERFERON PEGYLE seront identiques. On ignore si l’association à la RIBAVIRINE est utile. Le but étant bien sûr d’obtenir le maximum d’effet en le minimum de temps.
En conclusion :
Vu les excellents résultats du traitement, il est important d’essayer de diagnostiquer le plus possible d’Hépatite C aiguës. Ceci veut dire qu’en cas de doute sur une conduite potentiellement contaminante, il convient de se faire dépister, par exemple, dans un centre de dépistage anonyme et gratuit.
Dr Olivier NOUEL
Hôpital Yves Le Foll. SAINT-BRIEUC