Données fondamentales |
---|
Une lecture attentive de ces données est recommandée pour une bonne compréhension des exposés concernant les différentes hépatites.
Les cellules hépatiques
Les " cellules hépatiques " ou en langage médical " Hépatocytes
" constituent une grande partie du foie.
Les cellules hépatiques limitées par une
membrane, contiennent :
- un noyau central qui renferme les chromosomes = matériel génétique
- de très nombreuses substances notamment les transaminases (ASAT et ALAT).
Relation entre virus des hépatites et cellules
hépatiques
Les virus des hépatites pénètrent
dans l'organisme soit par voie digestive (virus de l'hépatite
A), soit par voie sanguine (virus de l'hépatite
C, virus de l'hépatite B), soit par voie sexuelle
(virus de l'hépatite B surtout, virus de l'hépatite
C rarement). Ils vont pénétrer dans les
cellules hépatiques et s'y multiplier.
Les nouveaux virus ainsi produits vont être libérés dans le sang et infecter les cellules hépatiques voisines. En règle générale, ce ne sont pas les virus eux-mêmes qui vont provoquer la destruction de la cellule. Ces virus modifient la cellule hépatique en y incorporant leurs propres structures. De ce fait, la cellule hépatique est repérée comme " étrangère " par les cellules spécialisées de défense de l'organisme qui vont la détruire (il s'agit du " système immunitaire " qui est essentiellement constitué de lymphocytes). Les conséquences d'une infection par un même virus sont très différentes d'un individu à l'autre en fonction de l'activité du système immunitaire de défense de chacun.
Hépatite aiguë
Selon le virus, le temps d'incubation* varie. Il s'agit d'une période totalement silencieuse où la quantité de virus n'est pas suffisante pour provoquer des signes ou perturber les résultats des prises de sang. Lorsque la quantité de virus devient suffisante, l'infection virale conduit à une destruction des cellules hépatiques et provoque une augmentation très importante des transaminases dans le sang qui peut atteindre 50 ou 100 fois plus que la limite supérieure des valeurs normales.
L'hépatite aiguë
peut être responsable d'une grande fatigue et d'une jaunisse ( ictère ) ou ne provoquer aucun signe (les troubles se limitant à une vague fatigue qui ne va pas alerter la personne). En cas d'hépatite aiguë, aucun régime alimentaire n'a d'utilité, (les œufs, le chocolat peuvent être difficiles à digérer mais n'ont jamais fait " mal au foie "). Par contre, il faut éliminer totalement les boissons alcoolisées et supprimer tous les médicaments non indispensables afin d'éviter tout facteur de toxicité hépatique supplémentaire.
L'évolution habituelle de l'hépatite aiguë est la guérison car les cellules de défense détruisent toutes les cellules hépatiques infectées ce qui permet d'éliminer le virus. Les transaminases redeviennent normales, les cellules détruites se régénèrent et le foie redevient normal. Deux virus (virus B dans 10% des cas et surtout virus C dans 80% des cas) peuvent toutefois avoir une évolution chronique qui fait la gravité de ces infections.
Dans certains cas (heureusement rares) d'infection par le virus de l'hépatite B ou A, toutes les cellules hépatiques sont détruites. Le foie ne peut plus efffectuer son travail. On parle alors d'hépatite fulminante qui risque d'évoluer vers le coma et la mort. A l'opposé, certaines hépatites aiguës n'entrainent que peu (ou pas) de troubles. Il s'agit souvent d'une simple fatigue transitoire qui passe inaperçue. Le risque est alors de méconnaître le diagnostic qui ne sera porté que plus tard alors que la maladie est chronique et évoluée.
Hépatite chronique
Par définition, on parle d'hépatite chronique lorsqu'une hépatite aiguë n'a pas guéri après 6 mois d'évolution. Les cellules de défense de l'organisme se révèlent incapables d'éliminer toutes les cellules infectées et le virus persiste au long cours dans le foie. Les transaminases restent donc élevées mais à un niveau très inférieur à celui qu'on observe en cas d'hépatite aiguë (les taux oscillent habituellement entre une et cinq fois la normale avec parfois des valeurs transitoirement normales ce qui peut faussement rassurer). Comme dans l'hépatite aiguë, les cellules détruites régénèrent. Toutefois, chez certaines personnes, va se développer progressivement une fibrose. La fibrose est un tissu cicatriciel irréversible (les cicatrices que l'on observe sur la peau après s'être coupé sont constituées d'un tissu blanchâtre, qui a perdu toute souplesse, qui ne disparaît jamais, qui est constitué de fibrose). La fibrose va délimiter progressivement des nodules : on parle alors de cirrhose.
la cirrhose et ses conséquences
Lorsque la cirrhose est constituée, il n'y a pas obligatoirement de troubles. Il peut même n'y avoir aucun signe. Toutefois, lorsque la fibrose progresse, elle finit par " étouffer " les cellules hépatiques normales et par entrainer des manifestations qui peuvent être graves :
- Le cancer du foie :
Les malades atteints de cirrhose ont un risque de développer un cancer du foie (qui est un cancer très rare en l'absence de maladie hépatique). Les cancers du foie de petite taille peuvent être guéris dans de nombreux cas alors que les cancers évolués sont malheureusement peu accessibles au traitement. Il est donc essentiel qu'un malade ayant une cirrhose se soumette à un dépistage régulier tous les six mois par une échographie hépatique et une prise de sang pour dosage d'une substance " alpha foeto protéine " parfois sécrétée par les cellules du foie lorsqu'elles deviennent cancéreuses.
- L'insuffisance hépatique
:
Elle traduit une destruction importante du tissu hépatique fonctionnel. Le foie ne peut plus alors effectuer son travail et épurer les toxines de l'organisme. Les troubles sont constants et associent souvent une fatigue importante, une jaunisse, un amaigrissement. L'importance de l'atteinte du tissu hépatique fonctionnel est appréciée par le TP, ou taux de prothrombine.
- L'hypertension portale :
Le foie est traversé par une grosse veine au débit important : la veine porte qui draine le sang en provenance du tube digestif.
En cas de cirrhose, le sang ne peut pas traverser le foie en raison des transformations tissulaires consécutives à la fibrose. La pression dans la veine porte augmente. Le sang va alors emprunter des itinéraires secondaires pour " court-circuiter " le foie. Il passe par des veines situées dans la paroi de l'œsophage. Ces veines se dilatent et se transforment en véritables varices : les varices oesophagiennes détectables uniquement par un examen de l'intérieur de l'œsophage à l'aide d'un tube souple (la fibroscopie).
L'hypertension portale peut, par ailleurs, être responsable de l'accumulation de liquide dans la cavité abdominale : " l'ascite " traitée par un régime sans sel et des diurétiques, et qui nécessite parfois des ponctions.
Pour éviter ces complications, il est important de prendre en charge le plus tôt possible les malades ayant une infection virale du foie.